Exposition proposée par Angéline Réthoré et Anne-Sophie Yacono, artistes et commissaires, réalisée au 6B à Saint-Denis en 2017.

Artistes :

Boris Détraz
Benjamin Efrati
Damien Gouviez
Bjørn Mortensen
Benjamin Moutte
Marianne Pradier
Elsa Tomkowiak
Angéline Réthoré
Anne-Sophie Yacono

Photos : Angie Réthoré et Anne-Sophie Yacono

Color pit
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Color pit
Color pit
MerchandisingCOLORPIT
Color pit

            Color pit invite le spectateur à lui faire expérimenter la violence comme à un concert de métal extrême. En parallèle, elle lui fait éprouver la lumière décomposée des spots aveuglants qui assaille la scène et qui finit par disparaitre dans la fosse.

« Là, tu entends des hurlements. Ca te transperce, ça te redonne ton souffle. Les grognements s’exhalent… Le mot disparaît, ça devient sauvage. Les sueurs se mêlent. La musique exprime la douloureuse solitude au sein d’une masse de personnes. Elle s’impose, intense, répétitive jusqu’à l’épuisement, comme une incantation ne se tarissant qu’à expiation du mal. Ces sons sont en disharmonie avec le monde mais créent une harmonie interne qui est l’expression de la souffrance. Il s’agit de douleur universelle, tout le monde se comprend dans la fosse. Cette violence est belle. Et tu la sens contre ta peau. La musique caresse ta douleur, elle rentre dedans et la magnifie. Tu es en accord avec elle. »

Comme une peinture, cette musique donne vie à des couleurs. Mais celles-ci ont pour la plupart mauvaise réputation.

            Cette exposition parle de « violence’n’color », l’esprit rock’n’roll en fusion avec les notions de violence et de couleur.

Elle traite de la violence du punk en rupture, dont la couleur fluo de ses attributs capillaires dénote. Ces couleurs surnaturelles semblent le faire passer pour un alien, étranger au monde dans lequel il vit. En effet, les couleurs de notre environnement architectural (qui relie notre corps aux bâtiments) sont majoritairement tièdes, fades et marquent une certaine complaisance dans la monotonie médiocre.

            Sournoise comme le diable la violence fait culpabiliser l’autre, lui impose ses propres règles, parasite le langage, trompe et séduit pour dévier l’individu. Elle est la prédation incarnée. Mais elle peut aussi être explosive sans avoir de cible.

Cette autre facette de la violence, telle une bête sauvage indomptable, déborde des règles et dépasse les limites. Ce résultat de la rage, de la fureur et de la colère est comme une fulgurance, un orage, une tornade, un tsunami ! Cette expression de la violence, à l’énergie considérable, est vitale. Faire tout sauter, péter les chaînes qui nous entravent sont l’expression de la vie !

La violence dont il s’agit ici dérange une certaine morale. Elle n’autorise aucun faux-semblant et pousse cet autre dans ses derniers retranchements. Elle cherche à atteindre son essentiel en dépit de cette entrave éthique.

            Dans la représentation du corps humain des codes existent et la couleur devient fantasme. Il y a une extrapolation des couleurs dans sa représentation pour faire croire que la réplique est plus réelle que son modèle. La peau devient resplendissante, divine, hyper éclatante. Accentuer la couleur du corps le rend plus désirable et il en est de même pour sa parure.La couleur permet de confondre ainsi visuellement la violence extrême et le plaisir.

           Les couleurs de la matière inerte du pigment, semblent vivantes. Elles sortent de la fosse pour nous troubler. Il y a un contraste maximum qui semble annoncer que l’éclat de vie va s’éteindre, qu’il ne dure qu’un instant, comme un cliché photographique.

Anne-Sophie Yacono et Angi Réthoré